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Recrutement dans le développement durable : Mythe ou réalité ?
Vous avez dit développement durable ? Une sonorité qui a perdu de sa vibration dans les couloirs des entreprises. La crise étant passée par là, celles-ci ont eu d’autres priorités ces derniers temps.
Le développement durable est resté une affaire de communication et les DRH qui ont, pour certains, tenté de s’emparer du sujet, n’ont pas su s’imposer au sein de leur direction. Le nombre de recrutements des profils spécialisés est encore loin de nourrir les sites emploi dédiés aux métiers du développement durable et de l’environnement. Ils ont dû essuyer les plâtres des volontés politiques avortées.
Bon an mal an, les DRH, encore loin du devant de la scène en matière de politique environnementale, ont joué la carte de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Servie sur un plateau grâce aux nombreuses obligations légales en matière de respect des différences, que ces dernières soient d’origine, d’âge ou de sexe, elle leur a permis de se constituer des équipes en interne, voire d’embaucher comme à La Poste. En 2005, les missions handicap ont commencé à voir le jour pour intégrer les personnes handicapées. Aujourd’hui, les préoccupations se portent sur la mixité et l’égalité salariale.
Panorama des métiers « verdissants »
Le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises continuent cependant à alimenter les discours. La norme Iso 26 000, publiée le 1er novembre 2010, est un encouragement supplémentaire. Recueil de bonnes pratiques, elle porte sur des questions environnementales, éthiques, de gouvernance, de développement local… qui devront bien trouver un jour des relais au sein de l’entreprise.
Fin septembre 2010, Valérie Létard, secrétaire d’Etat au ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, présentait l’ouvrage « Croissance verte : zoom sur cinquante métiers », aux éditions La Documentation Française. Le but, selon la secrétaire d’Etat : « Etablir un plan des métiers de la croissance verte ». Elle ajoute : « C’est la première fois que le ministère s’engage dans la publication d’un ouvrage portant sur ces métiers en pleine mutation. C’est donc une prise de risque que de “figer” par l’écriture une situation à géométrie variable évoluant à la “vitesse grand V” au rythme des innovations et des effets du Grenelle ». De l’assistante environnement dans l’agroalimentaire à l’ingénieur en logistique industrielle automobile et au chimiste chercheur en biocarburant, en passant par le diagnostiqueur immobilier, le technicien de distribution d’eau potable ou l’animateur de jeunesse et d’éducation populaire, tous les secteurs d’activité ont été approchés de près ou de loin par l’engagement vert. « Désormais, les métiers [dits] “verts” ou “verdissants” ont leur ouvrage », appuie Valérie Létard. Encore faut-il qu’ils suscitent de l’intérêt auprès des nouvelles générations.
Nouvelles générations et emploi vert
En effet, les métiers de la croissance verte, ni connus ni identifiables, ne font pas rêver les futurs diplômés qui préfèrent miser sur les métiers porteurs en termes de rémunération et de carrière professionnelle. « Nous avons réalisé une étude qui montre qu’ils n’ont pas plus d’appétence que leurs aînés pour les sujets liés au développement durable ou à la responsabilité sociétale », explique Antoine de Gabrielli, président fondateur de Companieros, organisme de formation sur de grands sujets RSE ; « il est très difficile de les inscrire aux formations sur l’intégration des personnes handicapées, la mixité, le stress en entreprise ou encore les risques psychosociaux. Nous avons dû peaufiner notre approche durant dix ans et leur proposer aujourd’hui des formations labellisantes, en cours d’agrément AFNOR, pour les attirer. Trois labels sont ainsi proposés : le label Handimanager sur l’intégration professionnelle des personnes handicapées, le label HF manager sur la mixité hommes / femmes et le label Démarche responsable sur le leadership responsable. Cela a permis de multiplier par dix les inscriptions. »
De la pensée à l’acte, il n’y a parfois qu’un pas. La Société Générale vient de lancer son Citizen Act, serious game à destination des étudiants. Pour la 5e édition, les jeunes talents devront penser les pratiques responsables de la banque de demain. À la clé, des voyages au bout du monde pour les équipes gagnantes… mais toujours pas d’emploi responsable.
Christel Lambolez
Article paru dans la revue Personnel de l’ANDRH, décembre 2010