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Impact de la pandémie sur les journalistes français

Une étude, menée sur 1 500 journalistes français, se penche sur les conséquences de la COVID-19 sur la profession.

  • 49 % des journalistes interrogés ont ressenti un isolement social.
  • 44 % mentionnent un impact mental négatif.
  • Près de 30 % ont connu des difficultés financières.
  • 63 % déplorent une exposition croissante aux fake news.
  • Les pigistes ont été tout particulièrement impactés par la crise.

Depuis 2 ans, ils sont au premier plan pour couvrir la pandémie sous tous les angles afin de maintenir la population informée des conséquences sanitaires, économiques, sociales et financières de la Covid19. Mais qu’en est-il des conséquences sur le métier de journaliste et sur leur façon de travailler ? Comment la crise a-t-elle impacté cette profession si particulière ?

Des journalistes de plus en plus isolés

Selon l’étude, réalisée auprès de 1 500 journalistes français en février 2022 par l’agence de communication Oxygen, la pandémie et les confinements successifs ont eu des conséquences notables sur le quotidien des journalistes.

L’isolement social arrive ainsi en tête pour 49 % des répondants ; même si pour certains le télétravail augmente la productivité, pour d’autres la dématérialisation des relations et l’absence d’interaction au sein des rédactions ont rendu plus compliqué l’accès à l’information et ont entraîné une “tunnelisation des esprits sur les sujets covid qui a empêché de traiter d’autres sujets intéressants et importants”.

La charge de travail intense (45 %) et l’impact négatif sur la santé mentale (44 %) sont également largement cités, souvent dus à un accroissement des amplitudes horaires, des effectifs mobilisés 7j/7 pour certaines rédactions et des difficultés à déconnecter des outils de travail en ligne.

Certains journalistes ont également mis en avant leurs difficultés à effectuer leurs missions quotidiennes et 47 % des sondés ont fait face à une activité réduite avec une “impossibilité de réaliser des reportages et d’avoir accès à la matière nécessaire à la rédaction d’articles”.

S’ajoutent à cela des difficultés financières puisqu’un tiers des journalistes a vu son salaire diminuer depuis le début de la pandémie (28,57 %).

Une exposition aux Fake news supérieure à la moyennes

Le journaliste n’a jamais été autant exposé aux fake news que durant la pandémie. C’est en tout cas ce qu’affirment 65 % des répondants, avec un tiers des journalistes qui déclarent y avoir été confrontés plusieurs fois par jour.

Les sources principales de désinformation sont les médias d’information considérés comme propagandistes ou fortement partisans (77 %), les citoyens ordinaires, mal informés et ne vérifiant aucune source (cités par deux tiers des journalistes), ainsi que les “trolls” (à hauteur de 55 %).

De façon générale, la prolifération des fake news est amplifiée par les réseaux sociaux et cela se confirme puisque Facebook est cité par 82 % des journalistes, suivi par Twitter pour 46 %.

Les journalistes ont donc dû lutter quotidiennement contre cette “infodémie” en investiguant ardemment et en vérifiant scrupuleusement leurs sources.

Une confiance de l’audience qui s’effrite

Durant cette crise et malgré l’intérêt du public pour se tenir informé, les journalistes ont majoritairement (54 %) senti une baisse de la confiance dans les médias. Parmi les causes évoquées, les revirements de messages, les interventions contradictoires des “experts” de santé dans les débats et le sentiment que les informations n’étaient pas assez vérifiées.

Certains journalistes parlent de “défiance des gens sur [leur] métier et la remise en question continue de [leurs] informations ou de [leurs] sources”. Ils sont “souvent taxés de ne pas faire [leur] métier” par la population.

Les journalistes et leur employeur : une relation mitigée

Lors de cette période, de nombreuses aides ont été mises en place par l’État, mais qu’en est-il du côté des rédactions, elles aussi durement touchées économiquement ?

Selon notre enquête, plus de 60 % des journalistes interrogés estiment n’avoir reçu aucune aide de la part de leurs employeurs.

Cependant, des points positifs existent, puisqu’une partie des employeurs ont proposé à leurs salariés des horaires flexibles permettant de s’occuper des enfants tout en travaillant. Les rédactions ont également délivré des lignes directrices pour aider à couvrir la pandémie ainsi que des conseils psychologiques, comme l’ont cité certains journalistes. La solidarité entre journalistes s’est aussi accrue puisqu’ils ont pu compter sur leurs pairs pour “se  soutenir entre collègues”.

Les pigistes particulièrement touchés

Parmi les journalistes, les pigistes ont été particulièrement mis à mal durant la crise. En effet, ils ont été écartés de bien des médias avec lesquels ils collaborent habituellement, suite aux restrictions budgétaires dans les rédactions. Sans réunion de travail et sans conférence de presse, l’isolement a été total pour eux

Étant indépendants, et dû à cette perte d’activité, ils ont fait face à une baisse de revenus qu’ils n’ont pour la plupart pas pu compenser par la prime Macron selon les pigistes interrogés.

Cela pose la question du statut des pigistes au sein des rédactions dans une industrie qui fait de plus en plus appel à eux.

Les journalistes tirent les enseignements de la crise

Alors que la pandémie de la COVID-19 semble toucher à sa fin (ou pas), les journalistes ont également fait part de ce qu’ils modifieraient dans leur comportement et deux sujets reviennent souvent :

  • À l’unanimité, et suite à de nombreux débats autour de la qualité des intervenants et des sources, les personnes interrogées “feraient appel à plus d’experts” ou “consulteraient plus de spécialistes et professionnels de santé” en amont pour vérifier les informations communiquées par le gouvernement et les autorités de Santé.
  • D’un autre côté, ils feraient passer leur bien-être personnel avant toute autre chose afin de préserver leur santé mentale. “Je prendrais davantage de temps pour souffler et couper du travail” confie un journaliste.

Comme l’actualité nous le confirme encore, sans une presse en bonne santé, point de démocratie. Les journalistes ont accompagné les Français durant toute la pandémie pour tenter de les informer au mieux dans un contexte assez inédit durant lequel les “vérités” scientifiques et les décisions de l’exécutif se sont révélées pour le moins mouvantes”, commente Alexis Noal, responsable de l’enquête chez l’agence Oxygen. “A cette difficulté se sont ajoutées les contraintes liées aux confinements et au contexte sanitaire et nous voyons à travers cette étude que les conséquences que cela a pu avoir sur cette profession déjà soumise à des pressions organisationnelles et budgétaires fortes.